Histoire

Pour mieux comprendre l’histoire et l’utilité originelle du kooikerhondje, voici un petit schéma pour comprendre la signification du nom de la race en néerlandais :

D’où l’appellation française officielle de « Petit chien hollandais de canardière »

Origines de la race

Le kooikerhondje puise ses gènes dans une ancienne race de chiens hollandais dont on peut avoir un aperçu en admirant les peintures de certains maîtres flamands de la renaissance.

On retrouve de nombreuses représentations de l’ancêtre du kooiker chez le peintre Jan Steen (1626 – 1679) :

  • Jan Steen - Baptème d'enfant - 1663

On observe que cette race de petit chien hollandais faisait partie de la vie courante de la population, dans des maisons de différentes classes sociales, en intérieur comme en extérieur. Ce petit chien roux et blanc est souvent représenté endormi ou dans des situations où il semble à l’aise et proche de ses maîtres, comme il peut l’être de nos jours.

Le travail du kooiker dans la canardière

Avant de redevenir un chien de compagnie, le kooiker a été sélectionné pendant plusieurs siècles pour ses qualités au travail. Les Pays-bas étant un territoire très vert, riche en eau et en faune sauvage, la chasse au canard y était pratiquée. Le canard était à l’époque une viande prisée et rémunératrice.

En voyage aux Pays-Bas, au fil de l’eau, ici un moulin à Kinderdijk

Ce n’est pas un chien de chasse à proprement parler puisqu’il ne lève, ni ne rapporte de gibier, mais il leurrait seulement les canards dans les canardières hollandaises. Il assistait donc le canardier, homme de la canardière, dans un mécanisme bien rodé de capture des volatiles.

Maquette de la canardière à Kalenberg

L’étang de la canardière était peuplé de canards sédentaires, nourris par le canardier, ce qui incitait les canards sauvages en migration à s’y poser.

Pour capturer les canards, des bras se terminant par des cages sont construits sur le pourtour de la canardière. Des écrans en roseaux sont disposés tout autour de l’étang et des bras pour que le canardier ne soit pas vu par les canards. Des filets sont disposés au dessus des bras de l’étang pour ne pas qu’ils s’envolent avant d’être piégés.

Au départ de la capture, le canardier jette de la nourriture à l’entrée d’un bras pour attirer les canards. Le kooiker fait ensuite des allers et retours autour des panneaux en roseau pour n’être vu que par intermittence par les canards. Il se devait d’être silencieux et de n’obéir à son maître que sur ordres gestuels. Les canards suivaient le chien à distance, le prenant pour un prédateur éventuel, plutôt que lui tourner le dos et fuir, au risque d’être attaqués.

Petit à petit, le chien avance dans le bras de l’étang et les canards avec. Quand les canards approchent du bout du bras, le canardier revient en arrière et apparait dans le dos des canards. Ceux-ci prennent peur et fuient en avant pour se retrouver bloqués dans la cage située au bout du bras, alors que les canards sédentaires connaissent la manœuvre et font demi-tour pour ne pas être pris au piège. Une fois la trappe fermée, les canards peuvent être tués par le canardier puis vendus pour lui assurer son salaire.

  • Etang principal (canardière de Kalenberg - Pays-Bas)

En plus de ce travail en binôme avec son maître, le kooiker avait aussi un rôle mineur dans l’extermination de vermines (petits rongeurs notamment) et la garde de la canardière en l’absence du canardier.

Une race sauvée de l’extinction

Au début du XXe siècle, les canardières perdent de leur utilité car il devient plus facile de chasser avec des armes plutôt qu’en leurrant. De ce fait, la population de kooikerhondje diminue en conséquence.

Dans les années 1940, la baronne hollandaise van Hardenbroek van Ammerstol entreprend de sauver la race de l’extinction. Elle envoie donc un colporteur à la recherche de kooikers encore en vie grâce à une photographie et une mèche de poils. A cette époque, seulement 25 chiens kooikerhondje ont pu être recensés. Et c’est ainsi que Tommie devient la mère fondatrice d’une race reconstruite pour sa sauvegarde. Elle associera à sa descendance d’autres kooikers issus de fermes hollandaises ou d’autres propriétaires afin de recréer la race.

Baroness van Hardenbroek with her Kooikerhondjes
La baronne et ses kooikers

Après de nombreuses portées et un travail de sélection pour augmenter le cheptel, la race est officiellement reconnue aux Pays-Bas en 1971, et par la Fédération Cynologique Internationale en 1990.

Le kooikerhondje reste une race confidentielle dans de nombreux pays, y compris en France. Cette dernière enregistre moins d’une centaine de naissances par an pour la race avec une petite dizaine d’éleveurs actifs.

Sources des informations et des photos :